mercredi, novembre 21, 2018

Suis je normal ?

Bonsoir ou bonjour, ami qui me lis,

Complexe question que je m'en viens aborder ici ... Suis-je, par ce que je pratique et parce-que je pratique le BDSM, une perspective "normale" ?

Le philosophe dira qu'il convient de définir ce qu'est supposé être la normalité, pour parvenir à définir son antithèse (l'anormalité) et, en guise de conclusion,  offrie une grille de lecture présentant mon moi ben oui, à partir de combien d'absence de normalité ou d'adhésion à celle-ci passerais-je du côté clair au côté obscur ?) si je suis ou non normal.
d'un côté, ces deux extrèmes d'autres côtés et définir, selon une notation arbitraire (

Bref ... autant définir le bon ou le mauvais temps, la belle ou la mauvaise mer ou, pour les plus gastronomes, le bon du mauvais plat. Un humain est composé, je crois, de tant de facteurs, de spécificités et autres nuances que quiconque tenterait de normaliser la normalité serait ... un anormal !

Je viens, ici, parler du regarde des autres sur ces pardon, sur mes pratiques ; Je n'ai jamais (pas encore du moins, j'aimerais y parvenir, sorte de coming out BDSM) parlé à quiconque n'étant pas dans le milieu de ces pratiques, aussi ne me baserais-je, ici, que sur ma perception, forcément (mal)biaisée et, de ce fait, partiale voire fantasmagorique.

S'il est un élément qui, qu'on apprécie ou non son côté artistique, aura fait sortir de l'ombre celles et ceux qui aime avoir ou faire mal, 50 nuances de Grey, à n'en point douter, détient la palme. Ce livre et son éponyme représentation dans les camera obscura aura eu l'avantage de montrer au grand public que :

  • Tout le monde, votre voisin de table ou de bureau comme l'institutrice de vos enfants peut potentiellement se trouve à une extrèmité ou l'autre de la cravache
  • Ce même tout le monde peut aimer cela, encore une fois quelle que soir l'extrèmité du fouet qu'il regarde en face
  • Il peut y avoir - il y a - une excitation érotique forte dans la pratique, je ne parlerais ici que du côté soumis vue ma condition, mais je pense que le côté dominateur possède, lui aussi, cette dimension
  • On peut parler le dimanche midi autour du gigot de tata Suzanne (enfin, celui qu'elle a fait cuire) de ces pratiques sans pour autant provoquer un incident diplomatique ; Après tout, on ne parle bien que d'un film, n'est-ce pas ?
  • Le BDSM ne nécessite pas forcément qu'on soit habillé de cuir de la tête aux pieds - quand bien même cela puisse sans encombre faire partie du plaisir de certains - pour qu'on y trouve un attrait

Bref, 50 Nuances de Grey aura ouvert les esprits sur ces jeux et pratiques, et ça c'est bien.

Mais cette ouverture d'esprits n'a pas changé la perception que les non-pratiquants ont de ces jeux. Une personne "normale" n'aime pas "avoir mal" (quelle que soit, d'ailleurs, l'abstraction de cet "avoir mal", physique comme psychologique), c'est évidemment l'approche judéo-chrétienne par défaut qui dictera la réaction du commun des mortels lorsque je lui annoncerais, entre la poire et le fromage que j'aime me faire fesser et que la dilatation anale est une pratique sur laquelle je ne crache pas. 

Je crois comprendre la nature de cette réaction ; La douleur est l'expression soit d'un état dangereux pour l'organisme (on se brule, on a mal, on se cogne dans une table aussi) soit, encore une fois l'idée religieuse n'est pas loin, pour expier une faute, on montre au supposé être supérieur qu'on a compris l'erreur commise et qu'on la répare par son sang. A aucun moment, dans les dogmes historiques ou religieux ou philosophiques (je sais, on n'a pas le droit d'enchainer les "ou", ils ne sont pas soumis, eux) n'a-t'on parlé du fait que la douleur apporte peut apporter plaisir et excitation.

Donc, je le sais, je serais vu comme un être "différent" sinon anormal, qui aime ce que la moral réprouve d'ailleurs.

Cela suffirait-il à me définir normal ou anormal ?

Evidemment non, je ne sais pas moi même dire si ces pratiques, ces jeux et ces séances sont ou non normales ou anormales car, une nouvelle fois, je ne sais pas ce qu'est l'anormalité. Pour parvenir à me forger ma propre opinion sur mes propres pratiques, il me faudrait les assumer et parvenir à me regarder "en troisième personne" en faisant abstraction de mes opinions et plaisirs. Une forme de schizophrénie en somme (tiens, sujet d'un prochain message sur ce blog, la schizophrenie dans le jeu) me permettrait de me regarder comme un autre et juger de pratiques "contre nature" en faisant-fi de mon éducation. 
Bon courage quoi !

Ce que je sais, par contre, c'est que ces pratiques sont privées (je ne parle pas de lieu, mais de contexte) et que, malgré 50 Nuances et autres Histoire d'O, elles ont leur place à côté de la religion, dans la sphère privée et intime.

Je ne souffre pas de ne pas savoir si je suis ou non normal eu égard au regard des autres. Ma difficulté principale est cette estime de normalité pour moi, à mes yeux et selon ma propre sensibilité et propre culture. Et c'est là que je me prête à un intéressant exercice, car je suis en connaissance totale de mes pratiques et de mes principes.

Si je fais le tableau proposé en introduction à ce message, j'en arrive à ... je ne sais pas. Le metteur en scène de ce grand zoo qu'on appelle "la vie" est le plaisir, toujours et encore. Il est, je crois, le grand ordonnateur de tout de fatras et c'est pour et par lui que nous commettons l'ensemble de nos actes. Et vu que le plaisir est individuel et collectif à la fois, il dépend de l'instant et de la composition de la masse commune que l'on évalue, au moment où on l'évalue.

Ma seule alternative réside dans le fait de faire une liste de "ce que je fais", en la tentant la plus objective possible et de "biffer" pour chacun des éléments de cette liste s'il me repousse ou non ...Sauf que (oui, je sais, tu me voyais venir) c'est faire abstraction du "moment" de la réalisation.

Je m'explique ; si, là tout de suite à froid je n'ai pas plus envie que cela de recevoir une tige de 15 mm
de diamètre dans l'urètre, il est possible que dans une ou deux heures, alors qu'elle aura bien joué avec mes tétons et que je serais totalement ligoté, Sally aura la permission totale et entière de me pénétrer l'urètre de cet outil, et j'y prendrais du plaisir et en serais fier.

C'est donc par le contexte, le moment, l'humeur et les circonstance qu'un élément sera "normal" ou non, à mes yeux et à ceux de Sally. C'est en "marchant dans les chaussures d'un autre (en les nettoyant avec la langue surtout) qu'on saura ce que cet autre ressent, physiquement d'abord. On ne saurait cerner et limiter le jugement en normalité ou en anormalité d'un tiers sur ce qu'on voit et ce qu'on pense des pratiques de cet autre. Il a, nous avons, un vécu différent et contrasté. Il nous arrive(ra)  parfois de croiser des personnes ayant des chemins parralèles aux notres au point de constater que nous sommes attirés par les mêmes choses en grande majorité. Il arrivera aussi que l'on ne soit absolument pas attiré par les pratiques d'une personne "juste comme ça", sans raison apparente, voir que l'on soit (c'est mon cas dans le cadre du lechage de baskets) totalement repoussé par une pratique que l'on adore lorsque celle-ci sera l'oeuvre de quelqu'un d'autre.

Ce sont là les magies de la vie et des interactions entre humains, adultes et consentants à ce qu'il font et à ce qu'ils sont.

Les temps sont suffisament troubles, le brun des chemises n'a jamais eu tant de succès dans de proches nations, n'ajoutons pas une stigmatisation de plus là où il n'est que loisir et jeu. Sachons accepter les pratiques, sexuelles en l'occurence mais pas uniquement, de ceux qui sont différents comme autant d'opportunités de s'intéresser à l'autre et à son oeuvre de vie.

Et vous; comment êtes vous différents ?

A vite;

LeSien



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